THE GEORGIA SHINE BAND: Same (2016)

Musicians:

Doug Southern - guitar & vocals
Kevin Taylor - guitar
Dustin McElroy - guitar
Brian Watson - bass
Mark Smith – drums

Titles:

1. Redneck
2. Ink Under My Skin
3. Shame
4. Born To Do I´m Gone
5. Junkie Dumb
6. Georgia Shine
7. Love Is Alive
8. Hot Mess
9. Crazy Daisy
10.
Johnny Rebb
11. Under Cover
12. 64

Ah, sweet Georgia ! Un état capital dans l’histoire du « Southern rock » (avec la Floride dont il est le voisin). Ses villes si dangereuses mais si intéressantes musicalement parlant. Macon, patrie de l’Allman Brothers Band, de Doc Holliday et de la firme Capricorn Records. Doraville, berceau de l’Atlanta Rythm Section. Atlanta et son légendaire Fox Theater qui se souvient encore des concerts incendiaires d’un Lynyrd Skynyrd conduit d’une main de fer par Ronnie Van Zant. D’accord, j’arrête ! J’arrête avant que certains ne me disent que ce n’est pas la peine d’énumérer les moments marquants d’une glorieuse époque bel et bien révolue et qu’il est inutile de s’accrocher aux vestiges du passé. Pourtant, les gars du Georgia Shine Band semblent se poser en héritiers de ce bon vieux rock sudiste traditionnel, tombé quelque peu dans l’oubli de nos jours. Originaires d’Atlanta, ces musiciens plus très jeunes sont tous d’un excellent niveau technique et ne peuvent en aucun cas être taxés de simples « revivalistes » qui se contentent de balancer un disque bourré de reprises approximatives et de morceaux personnels relativement faiblards (ce que l’on a vu bien trop souvent). Bien au contraire, ils ont composé tous les titres de cet album qui pète le feu. Le combo est composé de façon classique : deux guitaristes lead, un bassiste, un batteur et un chanteur qui joue aussi de la gratte rythmique (perpétuant ainsi la tradition des groupes à trois guitares). Ce dernier s’appelle d’ailleurs Doug Southern ! Nom prédestiné ou pseudonyme bien choisi, cela colle parfaitement au style carré de ces gaillards bien trempés (dont certains ont joué avec le regretté Bob Burns, l’ancien batteur de Lynyrd Skynyrd). On est tout de suite dans le bain avec le premier morceau, « Redneck », qui commence par un grattement de vinyle laissant vite la place à un petit chef-d’œuvre de rock sudiste mid tempo avec un bon solo de guitare wah wah. Un bel hommage aux rednecks du vieux Sud ! « Ink under my skin » reprend la même recette sur un rythme identique avec un bel échange de six-cordes se terminant à la tierce. La progression d’accords de la ballade sudiste « Shame » rappellerait légèrement celle du « Fall of the peacemakers » de Molly Hatchet. Ce titre est pourvu d’un beau break à la tierce et d’un bon solo final. Á noter également « I’m gone » (teinté de « new country » avec une guitare acoustique en solo) et la splendide ballade mélodique « Love is alive ». Ambiance marécageuse avec « Georgia shine » (moustiques, crapauds et dobro) qui raconte l’histoire d’un grand-père apprenant à son petit-fils comment fabriquer de la gnôle de contrebande. Par son atmosphère, ce morceau évoque un peu « The legend of Wooley Swamp » de Charlie Daniels. Le groupe sait également donner dans le « Southern boogie-rock » costaud avec « Hot mess » (un cocktail de Lynyrd Skynyrd et de Travis Tritt avec un beau duel de six-cordes) et « Crazy Daisy » (encore sous influence Skynyrd avec un bon solo de slide). Pour finir, soulignons aussi « Johnny Rebb » (un titre évocateur avec un bon gimmick à la tierce et deux très beaux solos sudistes) et « Under cover » (un rock sudiste bien énergique).
Maintenant, la question que tout le monde se pose. Pourquoi une chronique aussi longue sur le disque d’un groupe quasiment inconnu ? Tout simplement parce que cette galette puise avec talent dans l’héritage somptueux du rock sudiste pour en remontrer aux plus jeunes et redonner de l’espoir aux anciens dans mon genre. Bon, il ne faut pas rêver non plus. Nos lascars ne casseront pas la baraque du « Top Ten » car la grande époque est finie. Souhaitons-leur simplement de pouvoir vivre de leur musique et de nous donner encore beaucoup d’albums de ce calibre. Ce sera toujours ça de pris sur le temps qui passe. Long live Southern Rock !

Olivier Aubry